Discours du Président Yves Goasdoué
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet de Région,
Monsieur le Délégué Interministériel ,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Ministre permettez-moi de vous accueillir au sein de cette assemblée plénière du Conseil National de la Sécurité Routière. Je vous remercie de nous faire l’honneur de clôturer nos travaux et je sais que votre présence signe votre attachement personnel et celui du Gouvernement à la cause de la sécurité routière.
Le Conseil National est le conseil du gouvernement. Ses recommandations ont été, dans le passé, largement suivies. J’y vois une marque de reconnaissance du sérieux, de la compétence et de l’indépendance de ses membres.
Depuis sa dernière séance plénière le Conseil a beaucoup travaillé. Notre séance d’aujourd’hui a permis d’examiner quatre rapports ou avis du Comité des experts et d’adopter huit recommandations à l’intention du Gouvernement.
J’y reviendrai naturellement. Mais je souhaite tout d’abord remercier toutes celles et ceux qui ont permis et conduit ce travail, en particulier les quatre Présidents de commission, le Président du Comité des experts et les membres du bureau. Sans eux et sans l’ensemble de ses membres le Conseil national ne fonctionnerait pas.
Je veux aussi remercier Emmanuel Barbe, le Délégué Interministériel, défenseur acharné, avisé et expérimenté de la cause de la sécurité routière. Ses avis, ses concours, l’idée qu’il se fait de l’indépendance du CNSR, nous ont été précieux.
L’histoire de la sécurité routière et de la lutte contre la violence routière est faite, depuis 1970, à la fois d’un long continuum d’améliorations et de ruptures décidées en responsabilité par des gouvernements, d’ailleurs très divers. Continuum d’améliorations en matière d’infrastructures, de sécurité des véhicules, de prévention, de formation….
Ruptures décidées en responsabilité, 1970 premiers contrôles d’alcoolémie, 1973 port obligatoire de la ceinture de sécurité à l’avant, 1974 limitation générale des vitesses, 1992 mise en place du permis à points, 2002 déploiement des radars automatiques…
A chaque fois, ces mesures ont été impopulaires, à chaque fois le résultat à été au rendez-vous : baisse du nombre de tués et de blessés graves.La baisse de la vitesse maximale autorisée à 80hm/h sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central à fait couler beaucoup d’encre.
Un peu plus d’un an après son entrée en vigueur sur nos routes, force est de constater que les craintes – que l’on peut comprendre – qu’elle inspirait apparaissent, au vu des comptages opérés injustifiées.
La vitesse moyenne constatée enregistre une baisse bien réelle, il n’y a pas d’effet de file, la perte de temps réelle au kilomètre parcouru est au final d’environ une seconde – c’est à dire quasiment négligeable sur les petits trajets habituels et enfin et c’est le plus important, le nombre de morts et de blessés baisse.
Ce nombre baisse un peu moins que ce que nous avions escompté. C’est sans doute dû au nombre considérable de radars automatiques dégradés au bord de nos routes, mais le chiffre baisse et c’est là l’essentiel.
Le projet de loi sur l’orientation des mobilités prévoit, qu’à titre dérogatoire à la règle les autorités gestionnaires de voiries, en majorité les conseils départementaux, pourraient remonter la VMA à 90 km/h.
Ceci n’est pas choquant, après tout ces gestionnaires connaissent bien leur réseau. L’Assemblée des Départements de France a demandé au Premier Ministre que les départements soient assistés par les acteurs de la sécurité routière dans la prise de décision. Le Premier Ministre, pour sa part a souhaité que cette faculté de déroger soit assortie de mesures d’examen qui permettent de garantir le plus haut niveau de sécurité routière possible.
Votre Conseil s’est donc saisi de cette question en demandant au Comité des experts d’émettre un avis qui nous a été livré tout à l’heure.
Sans entrer dans la technique, je souligne l’importance de cet apport qui permettra sans doute aux commissions départementales de sécurité routière aux préfets et aux gestionnaires de voiries de disposer d’une base unifiée et scientifique de discussion.
Il s’agit d’une démarche pragmatique permettant d’évaluer les risques, de s’interroger sur l’objectif et l’utilité de remonter à 90 km/h, d’éviter les changements incessants de VMA qui pourraient conduire les usagers de la route à se faire verbaliser tout en étant totalement de bonne foi. Enfin des mesures de compensation pourraient être prévues.
Votre Conseil a aussi voté à l’intention du Gouvernement et donc, à votre intention huit recommandations.
Je les résume rapidement.
Le Conseil s’est emparé du sujet préoccupant des circulations à contresens sur les routes à chaussées séparées, essentiellement les autoroutes. Il formule des préconisations tendant au renforcement de la signalisation et au renforcement de la prévention.
S’agissant des modes déplacement dits « doux », le Conseil constate des évolutions qui doivent être quantifiées et qualifiées, il souhaite la création, pour ce faire, d’un observatoire dédié. S’agissant de la protection des cyclistes il vous soumet toute une série de propositions, de mesures qui nous ont été rapportées par Olivier Schneider.
S’agissant de la modernisation du parc actuel des véhicules et des véhicules du futur dits véhicules autonomes, le Conseil souhaite d’une part que les constructeurs soient incités à s’engager dans le financement et la diffusion de tutoriels pédagogiques permettant une prise en main sécurisée des dispositifs d’aide à la conduite. D’autre part le Conseil souhaite que soit défini un cadre d’évaluation pour les expérimentations des véhicules à délégation de conduite sur les voies ouvertes à la circulation. S’agissant des risques particuliers afférents à telle ou telle catégories d’usagers, le Conseil a souhaité que l’accent soit mis sur la sensibilisation au risque routier professionnel pour les personnels nouveaux entrants dans l’entreprise. Il a aussi souhaité se pencher sur les séniors. Sa position sur ce point est très claire, l’essentiel est de préserver la mobilité et donc les possibilités de conduite chez les séniors. Le Conseil déconseille fermement toute visite médicale automatique liée à l’âge. Il promeut le repérage des situations à risque, les bilans de compétence et les remises à niveau des connaissances ou de la pratique. Ce positionnement n’exclu naturellement pas la saisine du Préfet, pour avis médical lorsque la personne présente des signes inquiétants, mais ceci doit être lié à la maladie ou à des déficiences et non à l’âge.
Enfin en matière de formation, le Conseil recommande qu’une formation courte aux gestes qui sauvent devienne un pré-requis pour passer l’épreuve pratique du permis de conduire.
Monsieur le Ministre, je vous remercie de votre attention en vous disant, à nouveau, le plaisir qui est le notre de vous avoir à nos cotés.
Yves Goasdoué